desalpes

Anthropocène | Technosphère | Créolisation

A propos

[FR] Les Alpes sont un espace non pas “préservé” mais qui vit aussi au rythme des flux (des humains, des éléments culturels, des marchandises, des déchets), et qui est sans cesse recombiné, modifié, restructuré. Avec le temps, cet imaginaire se transforme, ce qui en fait un espace d’observation des changements en cours.

Desalpes est le carnet de recherche d’une ethnographie périphérique portant sur l’espace alpin actuel et en devenir. Une compilation prolifique, un inventaire singulier qui documente différents signaux parfois marginaux, parfois plus courants : des pratiques, des lieux, et toutes sortes d’objets, constructions, et infrastructures.

Textes et photos (sauf mentions contraires) par Nicolas Nova, licence CC BY-SA 4.0 (Creative Common Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International).

[EN] Desalpes is a research blog, reporting on a (gonzo-)ethnography of the Alpine space of today/tomorrow. It’s a compilation of weak signals and marginal practices, intriguing places, objects, architectures and infrastructures about the Alps. Beyond the standard cliché about the pristine nature of this area, Desalpes explores how it is constantly recombined, modified, restructured by human and non-human activities.

I use both French and English depending on topics. Most of the time, the fieldnotes are in French, and art/design/architecture-related notes in English (as well as more theoretical insights about he Anthropocene).

Souvenirs chamoniards, souvenir de tunnel

(3 mars 2019, Chamonix, France). Mon premier souvenir de la Vallée de Chamonix, en voyage scolaire enfant, vers l'âge de 10 ans, a consisté en une visite de l'entrée du tunnel. Notre car s'était arrêté avant le péage, et l'on était allé se promener autour de cette bouche dans la montagne. Sans emprunter le conduit, il s'agissait visiblement de contempler l'édifice. Ce qui m'avait semblé totalement normal d'une part comme genre de tourisme, et tout à fait fascinant d'autre part. A l'époque, en 1988, l'ouvrage devait encore suffisamment novateur pour être présenté à des écoliers comme un monument à découvrir. Je ne sais pas si les transformations effectuées, suite à l'incendie de 1999 a changé la donne, et si les lieux sont toujours foulées par des écoliers.

Pendaison du diable

(3 mars 2019, Pont Saint-Martin, Val d'Aoste). Le diable, créature active dans les Alpes, pendu par la population du bas de la Vallée, dans le cadre du Carnaval local. Patience jusqu'à mardi soir.

Les enneigeurs TF10 des Diablerets

15.2.2019, Les Diablerets (Vaud, Suisse). Il n'y a pas que les modernes qui séparent nature et culture, les fabricants de canons à neige nous proposent de multiples moyens pour obtenir de la "neige de culture" lors que la "neige naturelle" vient à manquer. D'ailleurs, j'apprends dans un podcast ce matin que la métaphore militaire a eu raison de la dénomination "canon à neige", on parle maintenant d'"enneigeurs". On trouve d'ailleurs sur le site du fabricant du modèle TF10 des précisions imparables sur l'appareil en question :
Avec 24 buses et huit nucléateurs, le TF10 est le canon à neige le plus puissant de TechnoAlpin. Il se distingue par son efficacité et sa commodité d'emploi. Grâce à sa remarquable longueur de jet et son dispositif de balayage, il répartit la neige de façon régulière sur une vaste surface. Non seulement il garantit une qualité constante de la neige, mais il facilite aussi les opérations de préparation des pistes. (...) L’écran couleur est rétroéclairé par diodes électro luminescentes (DEL). La production de neige de culture est donc possible même en cas d’intempéries. L’écran est également équipé d'un capôt de protection et d’un dispositif anti-vandalisme. Le pilotage à distance de la machine par Bluetooth est également disponible en option, pour une plus grande flexibilité et davantage de confort. La nouvelle turbine à motorisation interne rend par ailleurs le TF10 insensible aux vibrations et réduit considérablement les émissions sonores. Il peut parfaitement être utilisé dans des zones habitées. Pour les zones sensibles, il existe l’enneigeur ventilateur TF10 Piano, une version permettant de réduire encore plus les émissions sonores.
La "neige de culture" c'est tout un programme.

Les ruines de la Super.

27 janvier 2019 (Bourg Saint-Pierre, Valais, Suisse). Les remontées mécaniques désaffectées de l'ancienne station Super Saint Bernard ("La Super"). Aux dernières nouvelles, un groupe de jeunes entrepreneurs voulaient les réouvrir et transformer la gare d'arrivée en un hotel de luxe. Le pari est difficile et pendant ce temps, le bâtiment vieillot reste là bon pied bon oeil, comme point de départ des randonnées vers le col et l'Hospice.

D'autres Alpes, Mastumoto

4 janvier 2019, Matstumoto (Japon). A la gare de cette petite bourgade située non loin de Nagano, deux options de sortie s'offrent au voyageurs: la Castle Exit, qui permet d'atteindre le chateau séculaire local, ou l'Alps exit, porte d'entrée vers les Alpes Japonaises.

Barrage filtrant

18 novembre 2018, sortie de l'autoroute A40, Passy (Haute-Savoie, France). Les gilets jaunes tiennent la route et laissent passer les véhicules au compte-goutte. Sur ma gauche, des parapentistes descendent en virevoltant depuis les Déserts de Platté. Sur ma droite des manifestants parlement avec des CRS et des gendarmes. Un échantillon des propos qui nous ont été adressés : "bongiorno" (nous roulions avec des plaques étrangères, suisses cela dit), "oula mais elle est toute petite" (nous roulions en Smart), "c'est tout petit" (rebelote sur notre voiture de location), "aie!" (pour faire croire qu'on avait roulé sur le pied de quelqu'un), "Bonjour messieurs" (j'étais avec ma compagne...), "bon voyage", "bonne journée".

Bollywood à Interlaken

11 novembre 2018, Interlaken (Canton de Bern, Suisse). "J'fais ce que je veux, chui chez moi, si y sont pas contents y-zont-qu'à aller en France” s'exclame un colosse à l'accent vaudois. Face à lui, une troupe de techniciens s'active à filmer une indienne toute aussi longiligne. Laquelle, vêtue en nonne, avec un crucifix autour du cou, fait des aller-retour à côté d'une vache en plastique. Sur la plateforme d'observation du Harder Kulm au-dessus d'Interlaken l'ambiance est tendue. Le tournage se fait de manière fragmentée, puisque chaque arrivée de funiculaire oblige l'équipe à se retirer pour laisser les visiteurs admirer la Jungfrau et le lac de Thun. Lorsque la marée touristique se retire, et avant la prochaine vague, le cadreur revient avec la caméra, les opérateurs brandissent un réflecteur accentuant la lumière sur les protagonistes et celui que l'on pense être le réalisateur – un personnage râblé muni de lunettes noires et d'une casquette des New York Yankees vissée sur la tête – ramène une actrice nerveuse à la vue des badauds. Ce qui ne laisse pas plus de cinq minutes pour tourner. Trop visiblement pour notre géant vaudois qui s'en plaint à une assemblée passablement non-francophone.

Attention dans le couloir

14.10.2018, Chamonix (Haute-Savoie, France). La montagne s'effrite, c'est peu dire. A tel point qu'il ne vaut mieux pas s'éterniser. Ici et là des gros blocs de pierre se retrouvent sur le sentier des Mottets. Une présence incongrue en contrebas d'une forêt moussue en décalage totale avec la minéralité de ces intrus.

Les deux Jésus

14.10.2018, Chamonix (Haute-Savoie). Le choix des Jésus au Refuge Payot. Deux options lyonnaises. Foncièrement le même prix, mais le petit fumé semble avoir plus de succès pour le repas dominical, à domicile ou dans un dwichet de randonnée.

Le calcaire en folie

6 octobre 2018, Refuge de la Pointe Percée (Massif des Aravis, Haute-Savoie, France). Les étagères de la salle à manger sont peu fournies mais les références proposées sont solides. Des itinéraires de calcair en veux-tu en voilà.

Le fan au cimetière

30 septembre 2018, Chamonix (France). Croisé lors d'un passage à la fête foraine, un lecteur de récit alpin au chevet des gloires du cimetière local, sous la pluie, pris dans l'ambiance locale.

La fête foraine à Cham

29 septembre 2018, Chamonix (France). Activité auto-tamponneuse plus vive que d'habitude au parking des Planards, puisque la fête foraine a pris la place des véhicules des touristes. Sous les Aiguilles, et le ciel bleu de l'été indien.

Kozolec

2 août 2018 (Cerkno, Slovénie). Le Kozolec, structure typique de Slovénie, qui sert de séchoir à foin.

Si le soleil ne revenait pas

Si c'est au thème de l'espoir et de la guerre que l'ouvrage de Ramuz est généralement associé, je n'ai pas pu m'empêcher de le lire en pensant aux enjeux liés à l'Anthropocène. D'abord parce que le titre fait manifestement écho à un enjeu du même ordre, mais ensuite car le récit décrit les multiples points de vue de chaque habitant du village de Saint Martin D'en Haut et leur manière de réagir. L'une ramasse du bois et fait des réserves pour se tenir prêt à survivre, l'autre semble satisfait de voir arriver la fin d'un monde qui lui déplait depuis que sa fille est partie, un autre cherche à s'enrichir en vendant son champ, un groupe de jeunes s'en fiche et continue à s'amuser au café, une jeune mariée décide un groupe à aller aider le soleil à sortir en lui disant bonjour. Comment ne pas voir là-dedans notre quotidien ?

Futur antérieur valaisan

24 juillet 2018, Le Chable (Valais, Suisse). Visite du Musée de Bagnes et découverte de ce magnifique catalogue d'une exposition passée concernant le Valais du futur du passé.