1. Expressions idiomatiques
- Blackwatch : catégorie de montre renvoyant en particulier aux smartwatches du fait de leur apparence souvent noire.
- "L'acopie ce serait alors l'antonyme de la copie. Un terme désignant la mystification visant à abolir, au travers d'un transfert des opérations de stockage et d'hébergement liées à la dématérialisation d'un bien, la possibilité de la jouissance dudit bien et ce dans son caractère transmissible, en en abolissant toute possibilité d'utilisation ou de réutilisation réellement privative” (Source: Olivier Ertzscheid)
- Déformatage : manipulation d’un contenu numérique visant à lui faire perdre son formatage, et ses métadonnées, par exemple en faisant un copier-coller d’un extrait de texte dans la barre d’adresse du navigateur.
- Gomi : terme japonais décrivant les déchets, et plus particulièrement des objets électroniques passés de mode (en nouchi, un argot ivoirien, gomi signifie "jeune fille").
- Téléchargeur : version humaine d'un service de téléchargement de contenu (musique, films) en ligne (Source: cet article du NYT à propos du travail de Christopher Kirkley).
Dans la rue qui monte directement face à l’entrée principale de la gare de Lausanne, on trouve un McDonald’s tout ce qu’il y a plus classique. Le bâtiment pseudomoderniste qui abrite ledit fast-food est également muni d’un petit escalier qui permet de s’abriter pour justement déguster un burger (ou un autre met acheté dans la kebaberie d’à côté). Pour les géocacheurs, les coordonnées GPS sont 46.517557, 6.629236.
J'emprunte régulièrement cet escalier parce qu'il possède une étrange pièce de street-art. Une disquette 3.5'' a en effet été collée sur la paroi ouest située à gauche de l’escalier dans le sens de la montée. Comme le mur a été repeint il y a quelques années, cet objet est difficilement repérable, mais il est bel et bien là. La disquette, qui était grise et agrémentée d’un sticker de pixel-art montrant un faciès avec la mention “SOS”, a été progressivement abîmée, perdant son cache amovible en métal, pour devenir méconnaissable, se fondant dans la paroi.
Chaque montée-descente implique la même série de questions et d’hypothèse sur ce que peut contenir cette foutue disquette. Elle a de grande (mal)chance d’être foutue, mais on n’en sait rien au fond. On aimerait bien décoller le truc, faire venir des experts pour extirper l’objet avec des pincettes, voir des gens en blouse blanche se mettre au chevet du morceau de plastique flexible qu’elle contient… et de laisser des archéologues des médias reconstituer le contenu. Par exemple avec des softs qui ressembleraient à une version remise au goût du jour de XCOPY. Mais au fond il n’y a peut-être plus rien et c’est complètement vain de s’enthousiasmer là-dessus.
Par contre, par association, le passage dans cet escalier me fait finalement réfléchir à la durabilité des fichiers. Et en particulier, cela m’amène parfois à me demander ce que j’ai fait des “documents” produits avant que je n’aie une machine connectée aux autoroutes de l’information. Vous êtes-vous demandé quel est votre fichier le plus ancien ? Avez-vous récemment tenté de l’ouvrir (ou, déjà, de le retrouver) ? Si j’ai remis la main dernièrement sur un scan de texte de 1991 et des notes de cours de 1998, des cassettes de ZX81 ou TO7 des années huitantes, des boites de disquettes Amiga de 1990, je n’ai pas les logs d’échanges sur Minitel, et que dire des archives des fanzines produits entre 1990 et 1993 (un truc sur l’univers de W40K)? des textes rédigés pour un APA sur les animes de la même époque?
3. Design Fiction
Dans le tas d'emails à traiter, il y a cette catégorie de demande qui traine, mais que j'essaye de traiter quand j'en ai le temps : les questions d'étudiants (d'autres institutions que la mienne). Et cette semaine, c'est une interrogation sur le "design fiction appliqué en entreprise", ou plus précisément: "pourquoi une entreprise ferait appel au design fiction ? Dans le cadre de votre travail avec le Near Future Laboratory, quelles sont les attentes des entreprises vis à vis du design fiction ?" Comme la réponse peut intéresser d'autres gens, je la mets ici.
((J'entends ici design fiction dans le sens que l'on porte : une approche prospective qui propose des scénarios sur le futur d'une technologie/situation donnée en utilisant les manières de faire du design. En particulier en créant des objets standards qui expriment ces futurs possibles (catalogue d'objets fictionnels, magazine fictif, etc.) et qui permettent d'en discuter ou d'intervenir pour en changer la trajectoire.))
Premier élément de réponse, c'est très (très) rare que l'on vienne nous voir avec une demande aussi explicite et qui utiliserait cette expression. Les demandes que l'on reçoit concernent plus un besoin précis de leur part. Dans la plupart des cas il s'agit de:
- travailler sur la conception de nouveau produit/service et/ou faire des choix stratégiques. Par exemple, au lieu de rendre – nous-même ou dans un atelier avec des participants de profils divers – un powerpoint décrivant des idées de produit basés sur les technologies d'un client, on peut créer le manuel d'utilisation de ce futur objet (cf. notre projet sur les voitures sans conducteurs), ou réaliser une vidéo montrant comment il est employé dans un contexte ordinaire et normal (où donc évidemment il y aura des bugs).
- se représenter et comprendre des changements (de leurs clients/marchés, de technologies en cours de développement, de produits concurrents, de produits qui pourraient avoir une incidence sur leur activité). Un cas pertinent ici est le catalogue TBD dont chaque objet décrit correspond à des évolutions sociétales et/ou technologiques. ((Certains clients nous ont même demandé s'il s'agissait d'une réinvention du "cahier de tendances". Pourquoi pas, mais ce n'est pas un terme que l'on utilise.))
- créer un débat autour d'interrogations de leur part sur ces mêmes changements; il m'est arrivé d'utiliser la vidéo du projet Curious Rituals (sur le futur des gestes numériques) dans des ateliers avec des clients pour expliciter un point précis ou générer un dialogue sur un enjeu à débattre.
On le voit ici, suivant l'interlocuteur que nous avons, le niveau de l'intervention peut se situer dans la R&D, le design (quand il y en a...), la stratégie, la communication ou le marketing ((**innovation**)). De même la dimension temporelle considérée varie : du futur très proche (design du prochain produit) à une perspective plus distante (3-5 voir 10 ans). On oscille là entre une contribution au développement de nouveau produit (NPD) et à la prospective stratégique.
Dans tous ces cas, la production d'une design fiction n'est qu'un moyen parmi d'autres pour répondre à ces besoins. Je pense aux démarches prospectives par scénario, mais aussi à des approches plus analytiques, voire même au "design thinking" (une vision corporate et positiviste du design). Pratiquement, cela signifie que les objets produits – sensés matérialiser des changements, des opportunités, les conséquences de l'utilisation d'une technologie – mettent l'accent sur le détail des situations. L'objectif étant d'éviter de parler des choses EN GENERAL : par exemple, dans le manuel de conduite d'une voiture sans conducteur, l'important n'est pas d'avoir un manuel en tant que tel. Il s'agit davantage de mettre en scène une diversité de situations données "comme si" c'était la réalité, pour en définir les enjeux, les surprises, les frictions, et, clairement, les nécessités de bien penser ce type de service.
Du coup, cela passe par exemple par une volonté de faire ressortir les problèmes, les ratés, le décalage entre les préconceptions des concepteurs et la réalité des pratiques. C'est une des raisons pour lesquelles les projets de design fiction contiennent souvent ce genre de chose. Et, évidemment, dans un contexte d'entreprise, cela pose la question de pourquoi une société commerciale irait faire des vidéos de projet ratés... ou participer à nos workshops où on demande aux gens de rédiger une one-star review de leur produit sur Amazon ? J'ai déjà été confronté à cette question, notamment par les personnes qui confondent projets prospectifs de type design fiction et communication de leur vision du futur (cf. les vidéos de Microsoft ou de Corning où tout aseptisé et fluide). Le problème est que ce sont deux choses bien différentes. Dans le premier cas (design fiction), le projet, qui n'est pas forcément une vidéo, a pour but de faire travailler sur les conséquences des scénarios matérialisés ainsi; et sa vocation n'est pas d'être forcément rendu publique. Dans le second, il s'agit plutôt d'un acte de communication, pour lequel on comprend bien l'hésitation à montrer des situations de problèmes.
Et finalement, il y a les attentes des entreprises et il y a ce que l'on fait, au Near Future Laboratory, suivant les principes généraux que j'ai résumés ici. Je veux dire par là que les deux ne sont pas toujours alignés. Dite autrement, la présentation de nos activités laisse parfois les gens de marbre, avec un visage aussi impassible que celui de Chaoz, ce personnage mystérieux de la série d'Akira Toriyama. Mais ce n'est au fond pas très grave, on ne peut pas convaincre tout le monde.
4. Fragments
L'agence NoDesign a produit cette imprimante à lait nommé Ecce Leche que je trouve tout on ne peut plus élégante. Et je ne dis pas cela parce que je suis en Suisse. L'idée étant d'utiliser la petite part de lait impropre à la consommation.
Le Pokémon fétiche ces jours-ci est certainement Sepiatop, soit "Inkay" en anglais, oマーイーカ en japonais. Principalement parce qu'il évolue en Sepiatroce ("un Pokémon de type Ténèbres et Psy de la sixième génération" dixit la Poképedia) à partir du niveau 30 en effectuant une manipulation avec l'interface de la console (en retournant la Nintendo 3DS) lorsqu'il gagne un niveau.
Peut-être parce que c'est le début du Ramadan (رمضان) et que je fonctionne par association d'idées mais cette vidéo-débat m'a semblé très intrigante. Il s'agit d'un débat sur une question que les experts en robotique n'avaient visiblement pas envisagé : "est-ce qu’un robot peut faire le Hajj (حَجّ = pélerinage à La Mecque) à ma place ?"
Et pour finir, une nano-nouvelle de science-fiction : une scientifique créé un programme/robot qui comprend la langue des signes des sourds-muets – ce qui marche tellement bien que cela devient la lingua franca du moment.
Comme le dit Reggie Fils-Aime, patron de Nintendo of America, “my Body is ready”, il est temps d'aller faire un tour dehors.
++
nicolas
PS : est-ce qu'il y a d'autres gens intéressés par ce bazar ? Faites suivre (⌒▽⌒)☆
((licence CC BY-SA 3.0 FR))