- Toetsenbordschreeuwers : terme hollandais pour décrire les trolls, et qui signifie littéralement "hurleur de clavier" (d'après Geert Lovink, via audrey samson)
- "Äppärät reverie" : formulation proposée par Gary Shteyngart dans son roman Super Sad True Love ("Shu descended into another äppärät reverie."), et qui l'activité intense des usagers de smartphones, avec l'expression faciale associée (regard concentrée, capacité à s'extraire d'un espace partagé tout en y restant, une forme de "disparition présente" pour reprendre le terme du sociologue Francis Jauréguiberry).
- Scanvenir : mot-valise formée du terme "scan" et "souvenir" et qui fait référence aux objets produit avec une imprimante 3D à la maison à partir d'un scan, par exemple d'un artefact pris en vacances (voir Teambudsmen)
- Sodcasting : verbe désignant la diffusion de musique depuis un téléphone mobile et via un haut-parleur, en général dans les transports en commun (d'après le Urban Dictionary).
- Graphopticon : néologisme qui correspond à l'analyse de données à laquelle se prête les utilisateurs de réseaux sociaux et qui mène insidieusement à une comparaison de leur "performance" respective sur ces plateformes via différents indicateurs "metrics" (lu dans cet article).
Le babillage incontrôlé de l'agent(e?) conversationnelle Tay placée sur Twitter par des développeurs de Microsoft Technology and Research et de Bing il y a deux semaines est une situation fascinante qui dit plus sur les organisations technologiques et les médias grand publics que sur la technologie elle-même. En particulier, car le comportement des usagers avec les bots conversationnels est souvent de cet ordre, et ces phénomènes sont plutôt bien documentés... par les chercheuses et chercheurs qui travaillent dans ces sociétés technologiques. Des premiers articles de recherche sur les bots ELIZA jusqu'à la presse grand public, on trouve toutes sortes de papiers qui décrivent cela. J'ai dans mes notes cet article de The Economist qui abordait la question du "verbal abuse" envers les chatbots et opérateurs de call-centers. Mais l'on peut trouver plus de précision dans un article de la chercheuse Sheryl Brahnam intitulé "I Hate You: Disinhibition with Virtual Partners" dont voici un extrait de l'abstract :
La théorie Media Equation de Byron Reeves et Clifford Nass mentionnée ici avance l'idée que les utilisateurs d'objets informatique étendent à ces appareils les règles de l’interaction sociale, en leur attribuant une présence sociale à laquelle ils ou elles réagissent comme à celle d’une autre personne. Si cette proposition est discuté et discutable, les résultats de l'études sont plutôt intéressants et montrent que lâcher un agent conversationnel "dans la nature" va mener à une situation proche de celle rencontrée par Tay...
(Pour ceusses enthousiasmés par ce thème, voir aussi l'édition 9:3 de Interaction Studies, consacrée au thème prometteur "MISUSE AND ABUSE OF INTERACTIVE TECHNOLOGIES", elle-même basée sur un série de workshops).
C'est peut être le moment de ressortir cette extrait des paroles d'une chanson de Bad Religion qui me trotte dans la tête depuis un certain temps, et qui fait bien écho au sentiment ressenti à la lecture des compte-rendus sur Tay : "See I'm a 21st century digital boy I don't know how to read but I've got a lot of toys”
🐦📝 Ce projet de pigeon muni de détecteur de pollution à Londres fait furieusement penser au travail réalisé il y a dix ans par l'artiste Beatriz Da Costa. Je n'ai pas creusé pour savoir si c'est fortuit ou non. Mais cela me rappelle cette citation de José Luis de Vicente qui disait "New-Media Artists are the Unpaid R&D of Ad Agencies" (qui a donné lieu à une présentation de l'artiste américain Golan Levin que je recommande chaudement). Evidemment il y a des histoires de copies flagrantes dans lesquelles des entrepreneurs, des industriels ou des agences de communication reproduisent des projets d'artistes ou de designers. On peut penser à l'agence Ogilvy, qui avait copié le projet de Heather Dewey-Hagborg (basé sur la génération de visages à partir de traces d'ADN). Mais je suis finalement plus intéressé par le fait que les créations d'artistes ou de designers dans ces domaines sont souvent plus imaginatifs, originaux, intrigants ou pertinents que beaucoup d'autres, à tel point qu'on retrouve ces idées plus tard sous la forme de produits ou de services. Et cela, même si les idées portées par ces projets relevaient de la critique sociale.
📙La citation sur le sujet du détournement est très courte mais limpide : “The street finds its own use for things." William Gibson, Burning Chrome (1981)
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– nicolas
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