Bonjour,
💬💬💬 Expressions idiomatiques 💬💬💬
  • Mutual : transposition du terme "mutual friends/contacts", qui par extension désigne la portion des contacts sur un réseau social en ligne qui se suit mutuellement. Dans l'expression "my mutuals are so nice", on comprend bien que la personne fait référence exclusivement à une partie de ses contacts, supposément plus fidèles.
  • Urk : terme employé en Suède (raccourci pour "urkopplad") afin de désigner les éléments d'infrastructures sous-terraines encore en place mais non-fonctionnels : tuyaux, cables, conduits, etc. (vu chez  WMMNA)
  • AI correlation trap : néologisme employé par la chercheuse étasuniene Kate Crawford afin de faire référence aux limites et biais de corrélation de certains programmes d'apprentissage machine (machine learning) du fait des corpus sur lesquels ils ont été "entrainés" (cf. ce  tweet).
  • B-tree ("Arbre B") : néologisme employé en informatique qui fait référence à une structure de données en arbre dit "équilibré" (c'est à dire dont les chemins d'accès aux données sont d'une longueur non-disproportionnée).
🇬🇭📟👈  Gestes d'Agbogbloshie 👉📟🇬🇭

Ai terminé il y a quelques jours le roman "Les fils conducteurs" de l'écrivain tassilunois Guillaume Poix. Le livre se déroule à Accra, et prend pour thème la décharge d'Agbogbloshie, qui a la triste réputation d'être l'un des plus grands dépôt d'objets électroniques au monde :
"T'as tout le cimetière numérique, t'as tout l'obsolète qui se trouve un coin pour s'aplatir sous les coups de poings des mêmes qui le fouillent. On te dit "C'est digital, c'est dématérialisé", on te dit "C'est sans fil, c'est encore plus plat", on te dit "C'est l'encombre en moins et la vitesse de la lumière dans ta face", on te dit "C'est la fibre, c'est la poussière en propre, et qui prend pas de place", on te dit des trucs pareils là où tu es toi; mais ce qu'on t'explique pas, c'est que chez nous, ça devient la bosse, ça devient Babel, le truc: ça grimpe jusqu'au ciel, les merdes cabossées dézinguées bousillées, elles construisent une seconde planète qui t'encrasse les tuyaux, merdes qui stagnent dans toi, qui te collent des migraines et des vomissures. Disons, pour conclusionner le topo, que ce qui se perçoit pas là-bas est pas tout à fait invisible ici." (p. 143-144)

Si je ne saurai juger de l'exactitude du portrait du lieu fait par l'auteur, il me semble que celles-ci concordent avec l'enquête de terrain de Jenna Burrell qui a abordé le sujet en partie, à ce  travail de Yasmine Abbas et DK Osseo-Asare, ou encore les photos que publient le  Makerspace local. Mais la question est de taille car Agbogbloshie est très souvent caricaturé par les journalistes et photographes qui viennent rapidement sur les lieux et en tirent une perspective souvent misérabiliste.

Dans le roman de Poix, publié par les éditions Verticales, j'ai été particulièrement intéressé par les descriptions des gestes accomplis par les fouilleurs de la décharge. Pour quelles raisons ? Tout simplement car elles forment un rappel, une sorte de miroir de nos gestes d'utilisations de tous nos appareils électroniques. Ce sont des mouvements du corps qui poursuivent nos usages et que l'on a bien souvent pas en tête (ce qui rejoint en partie le propos de Burrell qui parle de "invisible users").

La double-page suivante m'a particulièrement marquée, notamment le souci du détail à propos des "techniques du corps", au sens Maussien du terme, décrites de différents points de vue : de manière assez factuelle sur la page de gauche, et dans le sabir local (imaginé par l'auteur) sur celle de droite. 

 

Pour ceux et celles qui l'ont lu et qui connaissent le coin, est-ce conforme à votre perception ? Que pensez-vous des descriptions des lieux ? des gestes ? et plus globalement des enjeux présentés dans le roman ?
 

🌱🌱🌱 Fragments 🌱🌱🌱
 

👀 Onglets ouverts dans le navigateur : un article sur les composantes des voitures autonomes "déjà présentes aujourd'hui, une description du nouveau projet de Julian Oliver, lequel consiste à utiliser l'énergie éolienne pour alimenter une ferme à cryptomonnaie, un livre blanc sur les casques VR dans les salles d'arcade, un lien vers toute une série de podcast fascinant sur la sociologie des sciences et des techniques, cette exposition qui se termine ces jours-ci sur "The World Without Us", le  numéro un du fanzine de jeu vidéo indépendant Trashzine, et un article académique sur le Big Data et la pensée magique par M.C. Elish et danah boyd.

 

📯 L'ami lyonnais-futur-londonien Gautier Roussille vient de mettre en ligne son documentaire sur l'éthique dans le design, c'est à suivre ici : http://ethicsfordesign.com/ Divers designers et chercheurs sont interviewés, ce qui offre un point de vue assez large sur le sujet.

📯 La HEAD – Genève organise un colloque intitulé "Narratives of a Near Future" mi-décembre 2017, sur les lieux du nouveau campus de l'école. Le programme vient d'être mis en ligne et cela s'annonce plutôt bien avec des gens comme Ying Gao, Kevin Slavin, Joanna Berzowska, Mathieu Triclot, Cécile B. Evans, Yves Citton, Dan Hill, Marguerite Humeau, Liam Young, Jussi Parika, Vanesa Lorenzo Toquero, Baptiste Morizot, Lauren Huret et d'autres encore. C'est une conférence qui va fêter à la fois les dix ans de la nouvelle identité de l'école, mais surtout aborder les grands enjeux culturels et sociétaux auxquels nous souhaitons préparer nos étudiants.

📯 Pour ceux et celles qui m'ont demandé cela, une petite liste de mes interventions à venir : une intervention à ArtLab/EPFL à Lausanne au finissage de l'expo Come chat with Me, une conférence le 30 septembre à Eastern Bloc (Montreal) sur le projet Bestiar.io (bestiaire de créatures hybrides à l'ère de l'Anthropocène), une présentation le 8 octobre au colloque "Musique et hacking : Instruments, communautés, éthiques" au Musée du quai Branly – Jacques Chirac (ça fait étrange de le retrouver ici ce nom), une présentation sur la photographie computationelle dans le cadre du symposium Augmented Photography à l'ECAL à Lausanne, une présentation le 16 octobre au Musée de la Nature et de la Chasse dans ce passionnant colloque intitulé " La vie à l'oeuvre: nouvelles écologie, bioart, biodesign", une présentation au festival Impakt "Haunted Machines & Wicked Problems" (Utrecht) sur le smartphone et les rituels numériques, quelque chose encore indéterminé durant le workshop "Functional Failures, Operative Fakes & Tenuous Techniques" au Critical Media Lab de Bâle, et une intervention sur le design fiction dans une conférence à Genève le 29 novembre et le 22 décembre...

++
– nicolas
EOF