24 décembre 2016, La Palud (Isère, France). La frontière entre le département de Savoie (73) et celui de l'Isère, ici représentée, n'est pas qu'une simple barrière administrative. Au milieu des vignobles, elle marque plus ou moins sur ces coteaux la limite entre le vin blanc Apremont et Abymes (lesquels nous ramènent directement à l'éboulement du Granier, et l'intervention décrite dans ce billet).

25 novembre 2016. Un projet du cabinet d'architecture DeJong Architectes (Annecy) pour le domaine skiable de Tignes, qui propose de construire un complexe de ski/surf sur eau, placé directement dans une pente du massif. L'objectif étant de permettre le ski en intérieur en été. Cette "Unité touristique nouvelle" est peut-être aussi préconisée pour l'hiver puisque les neiges se font de plus en plus tardives ces dernières saisons. Après l'ouverture de dômes de ce genre dans des villes extra-alpines – Dubai en particulier – la boucle est bouclée, avec l'arrivée de ce type de dispositif dans les Alpes. Il s'agit ici de "faire une montagne artificielle... à la montagne" comme le souligne et dénonce une association telle que Mountain Wilderness.

17 décembre 2016, Sallanches (Haute-Savoie, France). Pas de neige, mais des particules fines. Ambiance anthropocénique dans la Vallée d'Arves, avec diverses interdictions dues à un accroissement de la pollution dans l'air. Comme le dit l'un des protagonistes, "seize jours, ça commence à être difficile de ne pas s'agiter dans la cour."

13 décembre 2016, Genève (Suisse). La compagnie de télécommunication Swisscom me fait parvenir un prospectus publicitaire vantant les mérites de son système infonuagique; laquelle est illustrée par des photographies de paysages alpins qu'il apparait difficile d'associer à l'univers culturel des technologies numériques. Une motivation possible pourrait venir de l'argument sécuritaire incarnée par le paysage alpin. "Vos données sont sauvegardées sur des serveurs Swisscom en Suisse" nous dit le texte.

Next Nature reports on the recent evolution of Toblerone chocolat bars after Brexit. The tumbling value of the British pound, lead to the surge of import prices. As a result, the company which produces this product had to reduce its weight:

"In a statement the company explained the changes were needed in order to compensate the higher cost of the ingredients and to avoid to raise the price of its bars. The 400-gram pyramid-shaped chocolate bars are now reduced to 360 grams and the 170-gram bars to 150 grams. The packaging, however, remains unchanged."

The Toblerone bar, which was designed to mimic the Swiss Alps, now is a pale version of the glorious mountains it was supposed to represent.

“Matterhorn (How to See Like a Machine) Brute-Force Descriptor Matcher; Scale Invariant Feature Transform” by Trevor Paglen (2016). A project that looks at machine-produced imagery. A described in this article, Paglen explains the following:

"“We’re increasingly living in a world where most images are made by a machine for a machine and are not even seen by humans. What is the kind of dark matter of that visual landscape that is occurring? The project looks at all those ways that machines see images and what kind of information they extract from them and how that’s different from the ways those images are typically used. It strongly affects the way the world works."

A project commissioned for the 11th Gwangju Biennale “The Eighth Climate (What Does Art Do?).” Photo by Metro Pictures

Redoutable thermomètre, sur lequel le monde entier, le monde moral et politique, doit toujours avoir les yeux. Les changements d'atmosphère qu'ils indiquent, ces phénomènes d'influence immense et profonde, avec la vie alimentaire, changent aussi la pensée, l'humeur et la vie nerveuse. C'est sur le front du mont Blanc, plus ou moins chargé de glaces, que se lit le futur destin, la fortune de l'Europe, et les temps de la paix sereine, et les brusques cataclysmes qui renversent les empires, emportent les dynasties.

Jules Michelet, La Montagne [1868], Paris, Édition d'Aujourd'hui, « Les Introuvables », 1983, p.39.

23 septembre 2012, Lac de Lessy (Haute-Savoie, France). Quelques ustensiles posés sur une table de montagne. Des assiette, des couverts, mais surtout quelques verres à moutarde illustrés. Que dirait un archéologue du futur face à cet objet transparent, sur lequel est représenté un personnage du dessin-animé japonais Les Chevaliers du Zodiac (il s’agit de Shun) ? Quelle conclusion serait-il possible de tirer ? S’interrogerait-il sur une créolisation étrange ? Celle qui témoigne d’un croisement de multiples traditions culturelles (la notion même de “verre à moutarde” résultat du marketing contemporain, la circulation de figures de la mythologie grecque vers le Japon et revenue vers l’Europe après une digestion somme toute importante) ? Ou concluerait-il que c'est ici juste un "Oopart" ("Out of place artifact"), ces objets retrouvés hors de leur contexte originel ?

Aujourd'hui j'ai dû chanter ceci:

Sur nos monts, quand le soleil Annonce un brillant réveil, Et prédit d'un plus beau jour le retour, Les beautés de la patrie Parlent à l'âme attendrie ; Au ciel montent plus joyeux (bis) Les accents d'un cœur pieux, Les accents émus d'un cœur pieux. Lorsqu'un doux rayon du soir Joue encore dans le bois noir, Le cœur se sent plus heureux près de Dieu. Loin des vains bruits de la plaine, L'âme en paix est plus sereine, Au ciel montent plus joyeux (bis) Les accents d'un cœur pieux, Les accents émus d'un cœur pieux.

16 octobre 2016, La Clusaz (Haute-Savoie, France), un nom de village qui se prononce en fait comme "La Cluse". C'est le problème bien franco-français de la prononciation des noms de lieux ou de famille savoyards s'explique ainsi, comme le décrit Henri Dénarié :

"cette orthographe n’est pas née de la fantaisie d’un comte, mais du souci qu’avaient les scribes de distinguer la prononciation du patois de celle du latin. Dès le IXè siècle, des clercs eurent l’idée d’utiliser des consonnes « inutiles » de l’alphabet latin (x et z) pour signaler une prononciation indigène différente de la prononciation latine. Ce procédé d’adjonction de consonnes pour modifier le son latin est d’ailleurs utilisé dans presque toutes les langues romanes [...] Le x final ne se prononce pas. Ainsi, Fernex se prononce Ferney. Le z final ne se prononce pas non plus et indique que la voyelle terminale, atone, se prononce presque comme un e muet, mais en marquant légèrement le son a, o ou u. Mermoz se prononce donc Merme, en marquant très légèrement le o. Lorsque le z final suit un groupe de voyelles tel io ou ia (Marlioz, Verniaz…), ce groupe de voyelles doit être presque atone et mouillé."

31 août 2014, Leukerbad (Valais, Suisse). En revoyant cette photo de la Gemmipass, situé quelques centaines de mètres en contrebas de l'Hotel Schwarenbach, je me suis souvenu de cette phrase de Gustave Roud dans sa "dispute sur la montagne" avec Ramuz :

"... la montagne m'est apparue soudain comme le lieu de passage du réel terrestre au néant aérien par une sorte de 'cadavérisation' progressive. Disparition des arbres fruitiers, des essences forestières, de l'herbe : la roche crève enfin sa terrestre chair moribonde, sa toison de feuillages et d'herbages, comme un os qui se décharne, et l'eau nourricière se coagule dans le froid comme un sang corrompu."

13 octobre 2016, Grenoble (Isère, France). A chaque région sa capitale des Alpes. C'est ici Grenoble, mais cela pourrait tout aussi bien être Innsbruck (qui apparait en premier dans les recherches Google sur ce thème), Salzburg, voir Genève ou Turin. Sûrement un signe que chaque pays – voir chaque sous-territoire des Alpes, de la Savoie au Valais, en passant par le Val d'Aoste ou les Hautes-Alpes – constitue sa propre culture alpine...

Echotopos est un projet du musicien Christian Zehnder, qui se propose de recenser les "lieux à écho" en Suisse. Dans un entretien avec Die Zeit, l'artiste souligne la manière dont les Alpes sont déjà très explorées sur le plan de la faune et de la flore... mais que sa dimension acoustique est encore trop peu connue :

9 octobre 2016, Myans (Savoie, France). La Vierge Noire du Sanctuaire Notre-Dame de Myans, ici présente, est un tout un Symbole. Comme l'indique Wikipedia :

"La Vierge noire, richement vêtue et couronnée, trône avec l’enfant Jésus dans la partie inférieure du sanctuaire qu'il est coutume d’appeler « la crypte ». Les nombreux pèlerins qui s’y arrêtent peuvent, en effet, en entrant dans le sanctuaire, contempler du premier regard deux églises superposées. Le seul autre sanctuaire à présenter cette caractéristique est celui de Bethléem."

La Vierge dorée, au sommet de l'Eglise, quant à elle, a été érigé en mémoire de l'effondrement du Mont Granier décrite dans le billet précédent.

9 octobre 2016, Les Abymes de Myans (Savoie, France). Au milieu du XIIIème siècle – en 1248 dit-on – une coulée de boue gigantesque a entrainé un pan du Mont Granier, limite Nord-Est du massif de la Chartreuse. A cette occasion, plusieurs villages et des centaines de vies humaines ont disparu. La "Pierre Hâchée", représentée ici de profil, est l'un des gigantesques débris du granier gisant là où sa course s'est arrêtée il y a plus de sept cent ans. Celle-ci forme un "mollard", terme savoyard désignant les petites buttes lors d'un l’éboulement, et dont des rochers peuvent émerger. La légende voudrait que ce rocher, et la coulée plus généralement, ait été retenue grâce à la main de la Vierge Marie... peut-être est-ce la raison pour laquelle certains appliquent aujourd'hui sur sa paroi toutes sortes d'empreintes manuelles :

2 octobre 2016, Chamonix (Haute-Savoie, France). Le panneau solaire bien installé sur la paroi rocheuse semble toujours avoir été ici. Il permet d'alimenter en électricité la buvette du Chapeau située en contrebas, passage obligé pour monter voir le retrait de la Mer de Glace et la naissance de l'Arveyron.

24 septembre 2016, Vercorin (Suisse). Une créature alpine sculptée dans un morceau de bois hèle le promeneur. Peut-être pour l'avertir que la dérupe (chemin pentu) est corsée ? Et que le dit passant pourrait dérupiter (tomber ou glisser sur une pente raide) ?

4 septembre 2016, Bisse d'Ayent (Suisse). Construit en 1442, le Bisse d'Ayent arrose d'eau les prés et les vignes du coin. Sur son parcours, divers artefacts religieux scandent la balade.

4 septembre 2016, Anzère (Suisse). Le tunnel et la consistance fascinante de sa paroi, texture étrange des entrailles helvètes.

28 août 2016, Faulhorn, Grindelwald. Un mélange de granulats, de verre et de béton, un matériau anthrotopocénique.